Le travail de Julien Pastor puise d’abord ses sources dans une réflexion autant formelle que politique sur l’architecture moderniste comme dernier lieu des grandes utopies. En réinterrogeant ces formes, il construit des représentations qui engagent une réflexion sur le monde actuel et son rapport à l’image. De manière plus générale, l’artiste s’intéresse aux formes archétypales ou singulières et leur dissolution dans la culture de masse. Avec L’Elixir d’amour ou le spectateur, l’artiste rejoue l’ovation historique faite au ténor Luciano Pavarotti à l’issue de sa prestation dans l’opéra de Donizetti (jouée à Berlin en 1988). Applaudi pendant 67 minutes au cours des 165 rappels, le ténor est entré dans le livre Guinness des Records non pas pour sa performance exceptionnelle ce soir-là mais pour celle de son public. Renversant le rapport du spectacle de la scène à la salle, l’artiste rejoue en solitaire, face à la caméra, cette performance historique.
Christian Alandete (critique et commissaire)